1946 - 1948
Initiation à la peinture avec Mademoiselle FEUCHERES, portraitiste pastelliste réputée à Saint-Malo ainsi qu'à Paris. Elle avait parait-il découvert que j'avais un don certain pour le dessin.

1949
Départ pour la capitale. L'académie JULIAN m'ouvrait ses portes, avec mademoiselle JUBERT, surnommée JUJU par tout le monde. Elle avait 1'art de nous présenter des natures mortes assez exceptionnelles. Travail avec différents peintres : tout d'abord avec JEROME, puis Jean BOUCHAUD, peintre colonial (musée des Colonies à Paris et décoration du paquebot Le Normandie). Il était membre de l'Institut. Vient d'exposer cette année au Musée de la Marine.

1950
Cette même année, Monsieur BOUCHAUD me faisait exposer deux aquarelles de la Rance (Saint-Servan) et en 1951 trois gouaches, également de Bretagne. C'est ainsi qu'au Grand-Palais, j'obtenais une médaille d'argent pour 1'ensemble de ces trois tableaux et, en 1951, l'Etat m'achetait une de ces gouaches intitulée "Avant l'orage" qui doit dormir probablement dans un des musées de province. Dans la foulée, j'eus droit également à une bourse, destination le Maroc. Le choix fut fait et je me rendis quelques mois à RABAT puis à FES.

1952
Le MAROC fut une expérience prodigieuse qui devait par la suite influencer ma vie. J'ai gardé une longue correspondance de Jean BOUCHAUD, très respectueuse et à la fois amicale. Il m'appelait "sa petite amie". Après quelques temps de dépaysement, j'apprenais à voir la lumière si différente de celle de ma Bretagne. J'en revenais enchantée avec, dans mes bagages, des tas d'annotations, de croquis et également plusieurs anecdotes truculentes. Ce travail fût montré dès mon retour à Monsieur BOUCHAUD qui ne parut pas mécontent. Je continuais à travailler avec ce peintre et aussi avec tous les autres de l'atelier, André PLANSON, CHAPELAIN-MIDY, Claude SHURR.
André PLANSON m'avait prise également sous sa coupe. Il m'a beaucoup appris et nous nous amusions bien tous. Le vendredi, jour de correction, nous terminions, les "privilégiés", en prenant un pot aux Deux Magots. J'étais très fière d'appartenir, aussi jeune, à ce milieu pictural très enrichissant. Je n'oublie pas Monsieur CHAPELAIN-MIDY. mais avec lui, j'étais un peu moins à l'aise. Il me paraissait plus difficile d'approche. Cependant, cela ne m'empêchais pas d'admirer ses natures mortes, celles aux fruits, en particulier. Ces mêmes années, je tâtais au modelage avec Monsieur GIMOND. J'adorais patouiller la glaise.
DUCOS DE LA HAILLE, professeur aux Beaux-Arts, nous transformait en fin de semaine en maçons et nous entreprenions de couvrir le mur du fond de l'atelier avec des fresques, de vraies fresques , faites avec chaux et sable, faisant nous-mêmes notre mortier. Le lendemain, armés de truelles, de pinceaux, de poudres, nous commencions à poser nos couleurs et à les faire pénétrer dans le mur. Chaque semaine, elles étaient hélas démolies par Augustin, l'homme de charge, et nous recommencions la semaine suivante le même travail.

1953
Passage chez MAC AVOY où je ne m'attardais guère, l'ambiance ne me plaisant qu'à moitié.
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1954
Après ces quelques bonnes années, j'eus envie d'aller voir ailleurs. C'est ainsi que je rentrais à l'atelier d'André LHOTE, à Montparnasse, où j'ai dû rester, si mes souvenirs sont exacts, deux années.

Cette période fût pour moi un enchantement. Ce peintre, cubique et abstrait à ses débuts, m'a énormément apporté. Son enseignement très personnalisé me donnait des conceptions tout à fait nouvelles et je m'y plongeais avec intérêt, délice et grand amusement. D'ailleurs, après toutes ces années, son influence ressort de temps en temps. Je ne ferais pas ma peinture actuelle, j'en suis certaine, si je n'étais passée entre ses mains. Tout en reconnaissant qu'il faut s'en dégager par la suite, car son empreinte était très forte, il en reste malgré tout quelque chose qui aide à nous faire trouver notre propre facture. André LHOTE était le champion de la construction, des jeux de lignes et de l'imagination. Il était l'auteur de plusieurs livres. Le Traité du Paysage, le Traité de la Figure, et d'un livre d'art sur la peinture égyptienne.

Portrait de Madame Suzy SOLIDOR. Plus de deux cent peintres l'ont dessinée et portraiturée. Parmi les artistes nommons Christian BERARD, Yves BRAYER, que j'avais rencontré dans le midi, Jean COCTEAU, Paul COLIN, DOMERGUE, FOUJITA, VAN DONGEN, Othon FRIESZ, KISLING, Raoul DUFY, CHAPELAIN-MIDY, Marie LAURENCIN, Francis PICABIA et bien d'autres…
Pour le portrait de Suzy SOLIDOR, je fus conviée un matin à me présenter dans ses appartements. De pose, il n'y en eût pas. Madame recevait dans son lit en dessous légers et n'arrêtait pas de jongler avec le téléphone, soit elle appelait, soit elle était appelée. Difficile dans ces conditions de saisir les traits. Heureusement, le sujet ne manquait pas de caractère, et après quelques esquisses et croquis, revenue dans ma chambrette d'étudiante, j'ai pu en extraire le principal et exécuter un portrait ressemblant, avec toute mon 'âme de malouine. Ce qui lui fit dire le jour du vernissage en son cabaret " J'ai l'air d'un corsaire "
Faute de place, ma toile a dû être accrochée au plafond en compagnie de beaucoup d'autres à Cagnes-sur-Mer. Elle y est restée de nombreuses années. Après le décès de Suzy SOLIDOR vers 1982-83, il y eut une grande vente à Monaco ou Monte-carlo pour l'Amérique. Une quarantaine de toiles ont été affectées au Musée de Cagnes-sur-Mer, les autres ont peut-être pris une direction inconnue ?
De passage en ce site, n'ayant pas découvert le mien au Musée, j'en déduisis qu'il se promène quelque part. Dommage qu'il ne soit pas revenu à Saint-Servan ou Saint-Malo, sa ville natale.

Chez André LHOTE, atelier très connu et prisé par de multiples nationalités : américains, égyptiens, allemands, russes,._ ainsi que quelques français, dont j'avais l'honneur de faire partie. L'ambiance y était très curieuse, faite de contrastes, la correction du Maître était très attendue.
Un jour, comme à l'accoutumée, nous montrions nos travaux effectués au dehors. Un égyptien, du nom de Zagloul, présente une toile en disant "c'est un Saint-Pierre". Aussitôt dans l'assemblée une voix américaine dit en s'extasiant "mais oui, je vois ici les clés". Fou-rire dans l'Atelier : ce Saint-Pierre en question n'était autre qu'un vulgaire poisson du même nom. inutile de vous dire que nous nous sommes tous esclaffés, André LHOTE le premier.

1957
Nouveau voyage au Maroc. Je m'y mariais en 1958 et y restais quinze ans. Je me consacrais à ma famille et abandonnais malheureusement mon activité picturale. André PLANSON n'avait pas tout à fait tort en disant que ce n'était pas un poil dans la main que j'avais mais une touffe.

J'oubliais de mentionner que j'étais très soutenue par mes parents, en particulier ma mère. Elle était heureuse le jour de mon retour à la maison de découvrir tous mes travaux. Son jugement était toujours juste, moderne, sans aucune faveur.

CHAPELAIN-MIDY m'a laissé le goût des natures mortes que j'exécute soit à la gouache, aquarelle ou au pastel, mais traités largement avec un zeste de l'enseignement restant d'André LHOTE.

André PLANSON aimait beaucoup la vie, la nature, c'était un homme qui venait de la terre et je partageais cette attirance avec lui. Mes paysages sont traités en général à l'aquarelle ou à l'huile, un peu stylisés. J'essaie de donner à chaque oeuvre un côté personnel qui peut être différent suivant les sujets. Ma peinture est faite en fonction de ce que je ressens au moment où je l'entreprends, mais quelque fois le résultat est autre que celui recherché.

Après une longue interruption, revenue en France à Saint-Malo, je reprenais ma peinture.
Le nouveau départ fut assez difficile et pénible, il n'est pas évident de s'y remettre après vingt ans et même davantage. Mais après quelques balbutiements, l'inspiration et la motivation revinrent, surtout l'œil. Il faut réapprendre à regarder, c'est l'essentiel, savoir voir, sentir et interpréter les choses avec sa vision. Repris le pastel, l'aquarelle, la gouache, la plume (encre de chine sépia), l'huile. Beaucoup de portraits. J'aime les visages typés et essaie de traduire le caractère ainsi que les traits du modèle, portraits aussi bien faits avec l'une ou l'autre de ces matières.

1983 - 2001
De très nombreux portraits réalisés à Dinard à l'atelier de ma vieille amie britannique miss E. HANNAY et parfois refaits chez moi sous d'autres factures.

1987 - 2000
Plusieurs voyages au Maroc

1985 - 1991
Quelques apparitions dans le pays Malouin et Dinardais.

1991
Exposition de plusieurs portraits à l'hôtel de ville d'Avranches, invitée par le conservateur du musée, monsieur HUGUES DE LA TOUCHE.

1992
Trois natures mortes ont été exposées à la galerie JOBBE-DUVAL à Rennes.

1994
Exposition au salon des artistes Français quai Branly - Paris

1996
Accroché trois tableaux au salon des Indépendants quai Branly - Paris

1996
Prix de la ville de Saint-Malo

1997
Très belle exposition personnelle qui m'a rempli de joie, invitée par monsieur DUTAN, concessionnaire Peugeot à Saint Malo pour le lancement de la 406.

2000
Deux reproductions sont parues dans le livre, les Artistes de lan 2000 " Figuration contemporaine France-nord "

2000 - 2004
Travaux nombreux dans mon atelier

2005
Tout l'avenir reste à peindre.
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Janik GILBERT-RABEUF
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